Wednesday, December 4, 2019

Le Monde, 2 décembre 2019

Contestation en Iran : « au moins 208 morts », selon un nouveau bilan d’Amnesty

Pour l’ONG, les forces de sécurité iraniennes se sont engagées dans une « horrible tuerie » pour réprimer le mouvement de contestation qui a vu le jour mi-novembre.
Le Monde avec AFP Publié le 02 décembre 2019 à 18h41 - Mis à jour le 02 décembre 2019 à 22h36
Temps de Lecture 3 min.
Des Iraniens se rassemblent pour protester contre la situation en Iran sur le parvis des Droits de l’homme à Paris, le 2 décembre 2019.
Des Iraniens se rassemblent pour protester contre la situation en Iran sur le parvis des Droits de l’homme à Paris, le 2 décembre 2019. ALAIN JOCARD / AFP
Au moins « 208 personnes » ont été tuées dans la répression du mouvement de contestation qui a vu le jour mi-novembre en Iran, a affirmé, lundi 2 décembre, Amnesty International, revoyant à la hausse son précédent bilan de 161 morts publié vendredi.
« Le bilan réel » de cette répression « est vraisemblablement supérieur » à 208 morts, ajoute, dans un communiqué, l’ONG basée à Londres, précisant que cette estimation se fonde sur des « informations crédibles » obtenues par ses soins. Des dizaines de morts ont été enregistrées dans la seule ville de Chahriar, dans la province de Téhéran, « l’une des villes où le bilan (…) est parmi les plus élevés », selon Amnesty.
« Ce bilan alarmant est une preuve supplémentaire que les forces de sécurité iraniennes se sont engagées dans une horrible tuerie », estime dans Philip Luther, directeur de recherches d’Amnesty pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Il « démontre le mépris total des autorités iraniennes pour la vie humaine », ajoute-t-il.
Survenues le 15 novembre à la suite de l’annonce d’une hausse du prix de l’essence, les manifestations, violentes par endroits, se sont rapidement étendues à au moins 40 villes et localités. Elles ont été accompagnées d’incendies ou d’attaques de stations-service, commissariats, centres commerciaux, mosquées ou bâtiments publics, selon les médias iraniens.
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Les familles des victimes menacées

Les autorités iraniennes, selon lesquelles le mouvement de contestation est le résultat d’un « complot » ourdi à l’étranger, avaient réagi au précédent bilan d’Amnesty, le jugeant « exagéré ». Elles n’ont confirmé la mort que de cinq personnes – quatre membres des forces de l’ordre tués par des « émeutiers » et un civil – et ont annoncé environ 500 arrestations, dont celles de 180 « meneurs ».
Interrogé dimanche au cours d’une conférence de presse à Téhéran, le président de l’Assemblée consultative islamique, Ali Larijani, n’a pas donné de bilan. « Quant au fait que certains ont été blessés, ont eu des problèmes ou que des propriétés [privées] ont été brûlées ou endommagées, les organes de sécurité vont se pencher sur la question », a-t-il déclaré.
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Dans son communiqué de lundi, Amnesty exhorte la communauté internationale à faire en sorte que les responsables de « cette répression sanglante » rendent des comptes, et accuse les autorités iraniennes de n’avoir aucune « intention de mener des enquêtes indépendantes et impartiales ».
L’ONG affirme aussi que des familles de victimes ont été menacées et ont reçu pour consigne de ne pas parler aux médias et de ne pas organiser de funérailles pour leurs proches. Amnesty précise encore avoir analysé et vérifié des vidéos montrant « que les forces de sécurité iraniennes ont tiré contre des manifestants non armés ».
L’accès à Internet avait été bloqué dans l’ensemble du pays dès le 16 novembre au soir, rendant très difficile une évaluation de l’ampleur de la répression.
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Rassemblement à Paris

A Paris, quelques centaines de personnes, Iraniens et sympathisants, dont des élus français, ont manifesté lundi après-midi contre « le massacre » en Iran, réunis derrière une banderole où était écrit « Le massacre des manifestants est un crime contre l’humanité ». « Le régime est passé à une nouvelle phase : il a donné l’ordre systématique de tirer sur les manifestants. C’est inédit. Jamais il n’y a eu un tel massacre », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Behzad Naziri, membre du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), organisateur de la manifestation.
« La communauté internationale doit condamner sans complaisance. Il faut cesser de fermer les yeux », a poursuivi le membre du CNRI, qui fédère une partie de l’opposition à l’étranger et, en particulier, les Moudjahidine du peuple, groupe d’opposition en exil qualifié de secte « terroriste » par Téhéran.
« La France doit prendre l’initiative d’une mission d’enquête dans les prisons en Iran », a-t-il ajouté, reprenant l’appel du Comité parlementaire pour un Iran démocratique, qui réunit des députés français et soutient l’appel du CNRI à l’établissement d’une mission des Nations unies visant à « évaluer le nombre et la situation des personnes tuées, blessées et emprisonnées ».


Manifestation à Paris pour alerter contre le massacre des manifestants en Iran

Manifestation à Paris pour alerter contre le massacre des manifestants en Iran

Une manifestation a été organisée ce lundi à Paris en soutien au soulèvement de la population iranienne qui a débuté le 15 novembre et a balayé quelques 187 villes en Iran.
Les participants ont appelé à mettre fin au massacre des manifestants en Iran. Selon le dernier bilan de l'Organisation des Moudjahidine du peuple d'Iran (OMPI) le nombre de manifestants tués par les forces de sécurité et les tireurs d'élite du régime au cours du soulèvement a dépassé les 600. Le principal mouvement d’opposition a publié l'identité de 222 des personnes tuées, alors que la vague d'arrestations se poursuit dans tout le pays.
L’appel à la manifestation qui a démarrée depuis le Parvis des droits de l’homme, place du Trocadéro, a été parrainé par une dizaine d’associations et comités notamment le Comité parlementaire pour un Iran démocratique (CPID), la Fondation France-Libertés Danielle Mitterrand, les Nouveaux droits de l’homme et le Comité de soutien aux droits de l’homme en Iran (CSDHI).
Les manifestants reprenaient les slogans lancés par le peuple dans plus de 187 villes d’Iran réclamant la fin du régime.
Dans un message adressé à cette manifestation, Maryam Radjavi, présidente élue de la résistance iranienne a déclaré : « Le soulèvement de novembre en Iran a montré que le régime n’a pas la capacité de contenir le torrent impétueux des protestations et de la colère de la nation, et que la société iranienne ne retournera pas au calme. » Elle a appelé dans son message la France, à prendre la tête d’une initiative européenne pour envoyer une mission d’enquête internationale visiter les prisons et les salles de torture de Khamenei en Iran.
Michèle de Vaucouleurs présidente du Comité parlementaire pour un Iran démocratique présente à ce rassemblement a apporté le soutien des députés français au peuple iranien et dénoncé la répression.
Une importante délégation de maires de France et d’élus était présente, dont Jean-François Legaret maire du 1er arrondissement de Paris qui a souligné : «"Les masques sont tombés aujourd’hui en Iran, non Rohani n'est pas un modéré, non on ne peut pas négocier avec un régime barbare... Ceux qui se sont rendus coupable de crimes contre l'humanité doivent être traduits en justice ».
Dominique Lefebvre, ancien député de l’Assemblée nationale, président de l’agglomération de Cergy-Pontoise, a déclaré : « Depuis des années, les parlementaires ont une demande simple au gouvernement français : conditionnez les relations avec l'Iran avec le respect des droits de l'homme. »
Jean-Pierre Muller, maire de Magny en Vexin et coprésident du Comité des maires de France pour un Iran démocratique, a affirmé que "Le massacre du peuple iranien doit cesser. Il faut une action urgente de la communauté internationale pour libérer les prisonniers".
Jacques Boutault, maire du 2ième arrondissement de Paris a souligné :"les mollahs sont un facteur de déstabilisation, et le facteur de stabilisation c'est le retour de la démocratie. Oui il y a une alternative crédible au régime des mollahs et il faut que la France et l'Europe en prenne conscience ».
Gérard Lauton, responsable de Droits et Libertés au Syndicat universitaire SNESUP : " Les autorités françaises devraient être en première ligne pour condamner cette répression en Iran, mais elles ne sont pas à la hauteur...Vive le futur Iran libre et démocratique"
Parmi les intervenants il y avait aussi Jean-Pierre Becquet, ancien maire d’Auvers-sur-Oise, Guy Schmitt, Soultz les Bains, Jacky Duminy, maire d’Ors, Pierre Bercis président des Nouveaux Droits de l’Homme…
Ils ont exhorté aussi de toute urgence l’ONU à envoyer une mission d’enquête en Iran pour connaitre l’ampleur de la tragédie, de mettre un point final à la tuerie, d’assurer la sécurité des blessés et surtout d’aller inspecter les prisons où le régime a entassé plus de 12.000 manifestants arrêtés. Le nombre réel des arrestations dans l'ensemble du pays risque d’être plus élevé si l'on tient compte des exactions commises effectuées par le ministère du Renseignement et de la Sécurité, le Corps des gardiens de la révolution et son organisation du renseignement.
La répression a été d’autant plus féroce qu’Internet avait été coupé. Le dictateur en chef, le mollah Ali Khamenei a donné l’ordre de tirer pour tuer. Tir à vue sur tout ce qui bougeait, en visant la tête et la poitrine. 4000 blessés ont envahi les hôpitaux, les forces de sécurité à leur poursuite.
Les grandes ONG ont condamné ces crimes, Amnesty en tête, les gouvernements européens ont condamné la répression et défendu la « liberté d’expression ». Or ce qu’il faut c’est demander des comptes à ce régime despotique et traduire en justice ses dirigeants pour crimes contre l’humanité.
Ne rien faire encourage les mollahs à tuer davantage en Iran mais aussi en Irak et au Liban où les peuples se sont levés contre la mainmise de ce régime et où s’abat exactement une répression de la même origine : le régime de Téhéran.